Les recherches avaient fini par donner une piste au moment où je baissais les bras. L'un de mes gardes était venu m'apporter la nouvelle, d'excellente humeur, puis avait sagement reculé lorsque j'avais changé de couleur. On avait retrouvé Le Renard. Ca, c'était la bonne nouvelle. Mon Champion, mon Pion. Oui, effectivement, cela aurait été utile à partir du moment où je n'en avais pas été réduite au point de commencer à lui chercher un remplacement. Maintenant, la moins bonne nouvelle, enfin, dépendant comment on la prend car j'adorais régler mes comptes et ne comptais pas me laisser entuber de si bonne heure... Delilah avait été aperçue en dernier avec lui, dans la Ville-Basse par plusieurs témoins puis dans la Ville-Haute... Par les serviteurs du château ! Entre nous, j'appelle ça du foutage de gueule. Je n'y ai d'abord pas cru, mais ça ressemblait bien à la façon d'agir de cette fratrie de malheur... Ramener un paria au château dans l'unique but de me faire enrager !
Qu'en avait-elle fait ? L'avait-elle torturé ou l'avait-elle tué ? Qu'en restait-il maintenant, de celui que je comptais utiliser, de celui qui avait été si indispensable ?
Ce type, cet éternel naïf qui croyait qu'on pouvait raisonner n'importe qui et que toute personne était égale à l'autre. Il n'avait pas mérité ça.

Étais-je triste ? Étais-je mal ? J'étais trop furieuse pour éprouver le moindre mal-être. Je pensais d'abord à me venger. Je hais les coups de poignards dans le dos et préfère de loin les donner.
Agissant sans réfléchir, dans l'idée de faire un scandale et d'accabler la princesse blanche, je me levais en tornade et la cherchait dans les couloirs. A force de la chercher, je finis par la trouver.

<< Qu'as-tu fait du Renard ?! >> Pestais-je. << J'aurais dû me douter que c'était toi qui l'avais enlevé ! >> Elle ou une autre... Détruire cette famille sera décidément une bénédiction. << Après tout. >> Mon visage se tordit en une expression cruelle. << Il n'y a qu'un rebut pour amener un paria parmi nous ! Dis-moi, il te fallait un semblable ?! >> Mon ton railleur faisait pâle figure face à la détresse qui se lisait dans mes yeux. J'avais réagi bien trop vite sans réfléchir le moins du monde et commençais à me rendre compte que j'aurais certainement pu le reprendre en agissant dans son dos. C'était cette liesse de prendre l'un d'entre eux sur le fait, après s'être tant de fois fait détruire ses esclaves, qui m'avait fait agir ainsi. Si l'on faisait le moins du monde attention à ce qui se passait dans ma tête, on pouvait voir cette inquiétude grandissante pour mon ami. << Relâche-le immédiatement... >> Crachais-je avec dédain. << Sinon... >>