L'aube se lève. Une nouvelle journée, un nouveau temps. Le monde n'est jamais le même depuis cet prime enfance, où sa mère était encore là et où son contact le réchauffait, de corps et d'âme. Mais il avait appris à vivre sans elle, tout comme il avait appris à vivre sans les autres personnes qui avaient peuplées sa vie, autrefois obsessions, maintenant fantômes sans intérêt.
Les pions avaient commencés à bouger sur un échiquier instable. Chaque élément s'avançant ou se reculant, se mettant dans une place étonnante et pourtant prévisible. Il l'avait compris bien rapidement. Il pouvait anticiper la suite. Il était doué pour anticiper.

Il faisait terriblement chaud dans cette région. La chaleur ne le dérangeait pas grandement, à lui qui avait toujours froid. Il la supportait même avec quiètude. Il se sentait étonnement serein dans cet endroit, si différent de la Ville-Haute, si semblable à ce qui fût son passé.
Il ne s'entendait pas avec ses confrères. Il leur adressait des sourires polis, les laissait passer en premier. Ils avaient grandis ici, ils avaient étés privilégiés. Ils ne le comprenaient pas.
Les cauchemars étaient toujours présents aussi dormait-il peu. Cependant, son manque de sommeil n'affectait pas son jugement. Il était à même de réagir très promptement.
Dans sa sacoche à bandoulière se trouvaient de nombreuses pièces ainsi que des bouteilles d'eau. Ils les distribuaient aux parias et aux esclaves qui passaient son chemin. Pas par bonté d'âme, non, par besoin d'expier cette faute commise.

Son cœur en était encore gros de la perte, mais il en avait fait le deuil. Vivre dans le passé inondait son présent et causait les angoisses. Il lui fallait tirer un trait sur tout cela, faire comme si cela n'avait jamais existé. C'était dur et blessant, mais rassurant. Il pouvait se convaincre qu'il était quelqu'un de nouveau.

Les heures avaient passées et il pensait à rentrer. Venait l'heure du cours des enfants monacaux et il se devait d'être le premier présent. Cependant, avant qu'il ne franchisse l'immense porte le menant vers la Ville-Haute, une situation pour le moins surprenante attira son attention. Une demoiselle descendait maladroitement d'un toit.

'Je peux vous aider, jeune fille ?'

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'Je pense que ce ne serait pas de refus...'

Une jeune fille perchée sur un toit. Décidément, la vie laissait parfois apercevoir des situations bien étranges. Il la regardait descendre, à deux doigts de s'écraser au sol, réfléchissant à un moyen de l'aider. Il lui aurait bien proposé de se laisser tomber, qu'il la rattrape ensuite, mais cela impliquait qu'elle lui fasse confiance et il n'était pas du genre à demander ce genre de choses.

'Il y a une gouttière à côté. Elle est assez large pour que vous vous y accrochiez puis vous y laissiez descendre.' Il ne pleuvait que rarement, dans la Ville-Basse. Lors de la saison des pluies, pour être précis. Là, les précipitations pouvaient rapidement inonder les rues et submerger les habitations. Les gouttières n'étaient donc pas là pour parer à ce genre de situations bien trop imposantes. Elles étaient là pour faire chuter du toit le sable que le vent amenait, et le guider vers le sol. A force de fouiner, il fini par trouver un vieux contenaire, qu'il plaça sous la gouttière.

Malheureusement, malgré tant de précautions, il arrive que le destin se moque entièrement de nous et la demoiselle dérapa. La hauteur n'était pas horripilante, car elle avait déjà bien avancé sa descente. Cependant, il ne pu contenir le réflexe de se mettre en dessous pour la rattraper.

Il ne s'attendait pas à un tel poids. Son bras ne servi qu'à amortir et il la lâcha sans pouvoir la retenir, cette dernière frappant de plein fouet les bouteilles du sac, les éclatant et déchirant le sac, avant de toucher le sol. Lui-même se brisa l'os, lâchant un cri de douleur par réflexe. Une fois qu'elle fut à terre, il se rendit compte que c'était supportable: Il avait l'habitude d'avoir les os brisés. Néanmoins, il devait vite s'occuper de ce petit soucis, de peur qu'il ne s'aggrave.

'Vous allez bien ? Je vais à la Cathédrale pour remettre mon bras en place.' La partie brisée de l'os saillait sous la peau. Il gémissait en parlant, faisant de son mieux pour sembler dans son meilleur état mais son souffle était court et affolé. Cependant, son visage était impassible. C'était comme s'il ne semblait pas être conscient du fait qu'il souffrait. 'Venez avec moi, c'était une sacrée chute, vous devez aussi avoir des choses à remettre en place.' L'eau s'était répandue sur le sable, le trempant.

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